La légende se poursuit
En ce temps jadis où les fées étaient encore les amies des hommes, vivait un peuple secret et prospère comme seuls le sont les peuples sages ou malicieux : le peuple des Korrigans. Ces êtres là étaient un peu des deux. Ils habitaient dans une vaste clairière hérissée de pierres verticales, dressées vers le ciel à la manière de géants. Leur village s’épanouissait avec d’autant plus de bonheur qu’il le faisait à l’abri des regards, c’est-à-dire sous la terre des hommes, dans les profondeurs du sous-sol. Il n’y avait pas un jour sans que fêtes et rondes ne viennent réjouir les membres de ce petit peuple et, fussent-ils secrets, nul homme n’ignorait la réputation de leurs rondes ensorcelantes. [...] Lire la suite.
La Reine des Korrigans
... À la nuit tombée, les Korrigans sortaient en effet à l’air libre et dansaient autour des pierres. Ils dansaient tant et tant que le sol vibrait sous leurs coups de pieds. Quiconque les surprenait alors ne pouvait s’empêcher de se joindre à eux pour danser toute la nuit. Les rochers eux-mêmes s’arrachaient parfois de leur lit de terre pour bondir sur leur pied unique jusqu’à ce que l’aube vienne mettre un terme à la fête. Un seul Korrigan ne dansait jamais et restait sous terre, insensible aux chants et musiques de son peuple. Ce n’était pas un Korrigan comme les autres. C’était l’une des nombreuses filles du Roi.
La Princesse, qui vivait au palais de son père, loin dans les profondeurs de la terre, répondait au doux nom d’Elfie. C’était une Korrigan aux magnifiques yeux verts. Elle avait tout pour être heureuse, car elle était la préférée de son père et était aimée de tous. Mais chaque soir, alors que le soleil se couchait et que les siens se préparaient dans les souterrains enfiévrés, elle se glissait hors du palais et observait le jour finissant. Les fées volaient au ras du sol, déposant la rosée sur l’herbe piétinée. Les hiboux s’appelaient entre eux. Fourmis et abeilles regagnaient leurs refuges familiaux et s’apprétaient à dormir. Mais ce que la Princesse aimait par dessus tout, c’était les milliers de couleurs qui doraient la mer lorsque les rayons du soleil disparaissaient à l’horizon.
Tout cela lui donnait envie de quitter la falaise où elle était née. Elle rêvait de voyager jusque là où le jour s’endort, mais son père refusait ses demandes. Elle en avait perdu l’envie de danser la nuit, malgré les suppliques de ses sœurs.
« Viens avec nous, lui disaient-elles. Des Princes des royaumes voisins seront là cette nuit. Viens, tu seras la plus belle de nous toutes. »
Mais Elfie ne les écoutait pas. Elle soupirait et retournait au palais de son père. Elle ne voulait pas rencontrer d’autres Princes que ceux qui vivaient au pays du soleil qui dort. Or, il s’avéra qu’Elfie avait une maraine parmi les fées. Cette marraine eut vent de la tristesse de la jeune Princesse et décida de lui rendre visite.
« N’es-tu donc plus heureuse, ma petite ? lui demanda-t-elle.
— Hélas, non, Marraine. Je voudrais voyager de par le monde et aller là où le soleil va pour dormir, mais je suis prisonnière du château de mon Père.
— Sais-tu donc ce qu’il y a, par là-bas ?
— Non, Marraine. Je désire le découvrir. »
La bonne fée réfléchit longuement, puis elle dit :
« Je ne peux t’aider. Mais je connais quelqu’un qui le peut. Écoute-moi bien et suis mes consignes sans faillir. Dans trois jours, c’est la lune de lait. Pare-toi de cette robe que je t’offre et rends-toi à la fête que le Roi offre dans le royaume voisin. Tu danseras jusqu’à ce que tes pieds te brûlent. Ne t’arrête pas, ne laisse rien ni personne t’interrompre. Alors, et pas avant, tu demanderas à voir Erwan le Goëland. Il t’aidera. »
Une superbe robe noire et blanche tissée par les plus talentueuses araignées de la région était apparu entre les mains de la fée qui la remit à sa filleule.
« Fais-en bon usage, mon enfant, » conclut-elle avant de disparaître.
Elfie fit ce que sa marraine lui indiquait. Elle se rendit à la fête trois jours plus tard, vêtue de sa nouvelle robe et dansa. Elle était de loin la plus belle de la nuit et nombreux furent les Korrigans qui souhaitèrent danser avec elle. Mais elle refusa à chaque fois et se borna à obéir aux indications de la fée. Lorsque l’aube fit son apparition, Elfie dansait encore. Ses pieds ne lui brûlaient pas, de sorte qu’elle ne s’arrêta pas, alors que tous les autres regagnaient les souterrains et qu’elle tombait de fatigue. ... À suivre...
La Princesse, qui vivait au palais de son père, loin dans les profondeurs de la terre, répondait au doux nom d’Elfie. C’était une Korrigan aux magnifiques yeux verts. Elle avait tout pour être heureuse, car elle était la préférée de son père et était aimée de tous. Mais chaque soir, alors que le soleil se couchait et que les siens se préparaient dans les souterrains enfiévrés, elle se glissait hors du palais et observait le jour finissant. Les fées volaient au ras du sol, déposant la rosée sur l’herbe piétinée. Les hiboux s’appelaient entre eux. Fourmis et abeilles regagnaient leurs refuges familiaux et s’apprétaient à dormir. Mais ce que la Princesse aimait par dessus tout, c’était les milliers de couleurs qui doraient la mer lorsque les rayons du soleil disparaissaient à l’horizon.
Tout cela lui donnait envie de quitter la falaise où elle était née. Elle rêvait de voyager jusque là où le jour s’endort, mais son père refusait ses demandes. Elle en avait perdu l’envie de danser la nuit, malgré les suppliques de ses sœurs.
« Viens avec nous, lui disaient-elles. Des Princes des royaumes voisins seront là cette nuit. Viens, tu seras la plus belle de nous toutes. »
Mais Elfie ne les écoutait pas. Elle soupirait et retournait au palais de son père. Elle ne voulait pas rencontrer d’autres Princes que ceux qui vivaient au pays du soleil qui dort. Or, il s’avéra qu’Elfie avait une maraine parmi les fées. Cette marraine eut vent de la tristesse de la jeune Princesse et décida de lui rendre visite.
« N’es-tu donc plus heureuse, ma petite ? lui demanda-t-elle.
— Hélas, non, Marraine. Je voudrais voyager de par le monde et aller là où le soleil va pour dormir, mais je suis prisonnière du château de mon Père.
— Sais-tu donc ce qu’il y a, par là-bas ?
— Non, Marraine. Je désire le découvrir. »
La bonne fée réfléchit longuement, puis elle dit :
« Je ne peux t’aider. Mais je connais quelqu’un qui le peut. Écoute-moi bien et suis mes consignes sans faillir. Dans trois jours, c’est la lune de lait. Pare-toi de cette robe que je t’offre et rends-toi à la fête que le Roi offre dans le royaume voisin. Tu danseras jusqu’à ce que tes pieds te brûlent. Ne t’arrête pas, ne laisse rien ni personne t’interrompre. Alors, et pas avant, tu demanderas à voir Erwan le Goëland. Il t’aidera. »
Une superbe robe noire et blanche tissée par les plus talentueuses araignées de la région était apparu entre les mains de la fée qui la remit à sa filleule.
« Fais-en bon usage, mon enfant, » conclut-elle avant de disparaître.
Elfie fit ce que sa marraine lui indiquait. Elle se rendit à la fête trois jours plus tard, vêtue de sa nouvelle robe et dansa. Elle était de loin la plus belle de la nuit et nombreux furent les Korrigans qui souhaitèrent danser avec elle. Mais elle refusa à chaque fois et se borna à obéir aux indications de la fée. Lorsque l’aube fit son apparition, Elfie dansait encore. Ses pieds ne lui brûlaient pas, de sorte qu’elle ne s’arrêta pas, alors que tous les autres regagnaient les souterrains et qu’elle tombait de fatigue. ... À suivre...